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LE BLOG DE NIOXOR TINE

À TRAVERS LES CHEMINS SINUEUX VERS LA COUVERTURE SANITAIRE UNIVERSELLE

2 Avril 2018 , Rédigé par LE BLOG DE NIOXOR TINE Publié dans #POLITIQUE DE SANTE

Cette contribution s’est inspirée du panel organisé le 21 mars 2018, par la Coalition Nationale pour la Santé et l’Action sociale (COSAS) à l’IHS.

Les principaux objectifs de la couverture sanitaire universelle (C.S.U.) sont d’assurer à tous les citoyens, un accès équitable à des services de santé de qualité et de leur garantir la protection financière.

40 ans après Alma Ata, les systèmes de santé au niveau africain, sont caractérisés par la rareté des ressources. Dans tous les pays de la sous-région, la performance des systèmes sanitaires laisse à désirer, avec une qualité non satisfaisante de l’offre de santé et des mécanismes embryonnaires de protection sociale. Les indicateurs sanitaires, particulièrement les taux de mortalité juvéno-infantile et maternelle sont au plus bas. On note une difficulté d’accès aux soins pour le plus grand nombre avec des millions de personnes obligées de payer au comptant, au moment de la délivrance des soins, ce qui dans certains cas aboutit à leur exclusion pure et simple du système de soins.

LA VOLONTÉ POLITIQUE EN QUESTION

C’est dans ce contexte doublé d’une démocratisation progressive de la vie publique, que la plupart des Chefs d’Etat africains, ont fait montre d’une réelle volonté politique en faveur de la couverture sanitaire universelle. Dans bien des cas, leur engagement ne réussit pas encore à se traduire par une stratégie claire pour avancer vers la couverture sanitaire universelle. Pire, dans notre pays, le système sanitaire est traversé par un malaise profond, du fait du retard de mise à disposition des ressources dues aux structures sanitaires (facturation des prestations) ou aux mutuelles de santé (subventions pour les cotisations annuelles). Or, la première manifestation d’une réelle volonté politique devrait certainement être l’allocation régulière de fonds suffisants pour garantir une protection sociale effective, qui est loin de se limiter à une simple couverture théorique de la CMU (estimé à près de 50% au Sénégal).

Il est précisément du rôle des militants de la santé communautaire et de la société civile, parmi lesquels se comptent les membres de la COSAS, de prendre au mot les décideurs politiques et de peser pour faire de la couverture sanitaire universelle une réalité tangible dans nos pays.

QUELQUES INSUFFISANCES NOTÉES

L’orientation encore trop curative de notre système sanitaire se traduit par la prise en compte insuffisante de la multisectorialité et des aspects promotionnels ayant trait aux déterminants sociaux de la Santé.

On note encore des barrières à l’accès favorisant les paiements directs et dues essentiellement au caractère non-obligatoire de l’assurance maladie universelle. S’y ajoute le fait que l’offre de service est encore en déphasage avec les besoins sanitaires des populations et pire encore avec l’évolution d’une demande en constante progression. Enfin, les insuffisances du secteur public de la Santé (ruptures de services, fréquentes ruptures de stocks de médicaments), avec comme corollaire, la détérioration de la qualité des soins, conduisent les usagers vers des structures privées dont la plupart n’ont pas de convention avec les mutuelles de santé.

Un rôle important est dévolu aux C.L. dans le cadre de l’extension de la mutualité alors que le processus de transfert de la compétence Santé aux collectivités locales n’arrive pas encore à sortir de son état embryonnaire.

L’appropriation de la politique par les communautés laisse encore à désirer et se traduit par des gaps en termes d’information.

QUELLES PERSPECTIVES ?

Il faut, d’ores et déjà se féliciter de la tenue, le 17 décembre 2017, d’un forum national sur la mobilisation des ressources pour le financement de la santé en vue de la couverture sanitaire universelle.

Il faudrait ensuite faire une claire différenciation entre le paquet de prestations de base et celui complémentaire. Cela pose la nécessité d’une mise aux normes des structures sanitaires, en vue de la redéfinition de la carte sanitaire (infrastructures, équipements, ressources humaines…), pour parvenir à la rationalisation et à la complémentarité de l’offre de soins. Cela permettra de résoudre la question de l’accessibilité des prestations de spécialistes et de soins de qualité (analyses de labo, examens complémentaires…) dans les régions de l'intérieur, en instaurant, le cas échéant des primes incitatives pour les prestataires.

Les préoccupations des usagers et des prestataires pourront être conciliés par la signature de contrats de performances avec les structures sanitaires. 

Il faut améliorer la gestion des intrants et parfaire le mécanisme de quantification des besoins, afin de prévenir les ruptures de stocks qui entravent la continuité de l’offre de service au niveau de certains programmes de santé.

La meilleure façon de rentabiliser les financements de notre politique sanitaire consiste à renforcer l’approche préventive et promotionnelle.

Il faut promouvoir la multisectorialité, en agissant sur les déterminants sociaux que sont l’alimentation, le niveau de revenu des usagers et leur statut social, l’environnement, l’éducation et l’alphabétisation...,

Cela va conduire les populations à adopter des comportements favorables à la Santé, en vue de réduire la charge de morbidité.

Le caractère multisectoriel de la stratégie et l’importance des autres départements ministériels dans les fonctions d’achat et d’offre de services justifient l’ancrage institutionnel de la CMU au plus haut niveau possible, conformément à la proposition issue du Forum sur le Financement de la Santé, consistant à faire assurer la présidence du Comité par le Premier Ministre et le Secrétariat par le ministère en charge de la santé.

FADEL WATT

 

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