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LE BLOG DE NIOXOR TINE

LE FONDS DE MOTIVATION DU SECTEUR DE LA SANTE OU LES TROMPERIES MINISTERIELLES!

  issamballo

Accord entre le gouvernement et le SUTSAS sur le paiement de la prime de motivation

lundi 17 janvier 2005, par Ibrahima Niane

 

Dakar, 17 jan (APS) - Le gouvernement et le Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (SUTSAS) ont trouvé un accord pour le paiement de la prime de motivation aux agents de l’Etat et aux contractuels du ministère de la Santé et de la Prévention médicale, annonce un communiqué reçu lundi à l’APS.

Les deux parties ont convenu de répartir une enveloppe de plus de 1 milliard 584 millions de francs CFA entre les différents personnels concernés. Ainsi, selon le texte, chaque agent va percevoir 230.000 f contre 120.000 f destinés à chaque contractuel. Ce montant représente la somme perçue lors du dernier trimestre, précise le communiqué.

Le fonds de motivation, signale-t-on, est exclusivement destiné aux agents étatiques. ’’Mais, par esprit de solidarité et pour un climat social apaisé dans l’espace hospitalier qu’ils (les personnels) partagent, le SUTSAS a accepté de consentir une partie (du fonds) aux contractuels dont le système de rémunération est fixé par les établissements publics de santé (EPS), leur employeur’’, note le communiqué.

Le paiement de la prime de motivation fait suite à l’accord signé, le 6 août 2004, entre le gouvernement et le SUTSAS.

 

La vive polémique, qui s’est installée entre organisations syndicales du secteur de la Santé dans les jours ayant précédé la Tabaski autour du fonds de motivation, est révélatrice du chemin qui reste à parcourir pour consolider les acquis significatifs obtenus par le SUTSAS, en août 2004.Ces acquis indéniables sont venus couronner une vaste campagne médiatique couplée à des mots d’ordre de grève et de mobilisations, telle que le SUTSAS n’en avait plus connu depuis bien longtemps, en droite ligne du moins spectaculaire, mais tout aussi efficace mot d’ordre de rétention des données sanitaires, qui a paralysé le système national d’information sanitaire, pendant plusieurs années, au grand dam des partenaires au développement.

Il faut, à la vérité reconnaître, que les conditions de la lutte se trouveront facilitées par l’environnement de l’alternance qui, au-delà de son contenu politique nébuleux et sujet à controverse, avait bel et bien  pour objectif de régler la question de la demande sociale.

Ainsi, le protocole d’accord du 06 août 2004 peut être considéré comme la résultante de deux facteurs:

-         les acquis hérités des mandats des ministres précédents, principalement le Pr SECK, à savoir le fonds de motivation d’un milliard et demi et la rallonge budgétaire d’un milliard huit cent millions,

-         ainsi que les avantages escomptés de la hausse généralisée des salaires de la Fonction Publique, intervenue en fin octobre 2004 et qui sur certains aspects, ira même au delà du protocole (modification du point indiciaire, prime de responsabilité…).

Le SUTSAS, à l’issue d’une bataille honorable, pouvait annoncer à l’opinion publique (avant même la signature du protocole d’accord), l’obtention d’un pactole de cinq milliards pour les agents de la Santé et de l’Action Sociale, du moins ceux d’entre eux, qui sont employés par l’Etat Central.

Les autres syndicats du secteur frapperont bientôt, à leur tour, à la porte du ministre fraîchement rétabli dans ses fonctions et bien décidé à juguler la crise sociale, perdurant dans le secteur depuis près de deux décennies. On peut deviner, à postériori, que les membres du cabinet ministériel, parfois prisonniers de préoccupations politiciennes, n’ont pas fait preuve de toute la rigueur nécessaire, pour éviter des conflits d’intérêts entre les différentes catégories de travailleurs de la Santé et de l’Action Sociale, qui encore une fois, militent tous dans les différents syndicats présents dans le secteur. Mais était-ce là également leur rôle ? N’appartenait-il pas plutôt aux organisations syndicales elles-mêmes de se concerter et de faire front pour la satisfaction de leurs revendications communes ? Quelles leçons tirer de tout cela ?

Dans l’histoire récente de notre pays, il faut remonter au Plan d’urgence de Sakho-Loum en 1993, pour retrouver des tentatives de réduction des modestes revenus des travailleurs par le gouvernement. Or, c’est bien ce qui vient de se passer, quand des syndicalistes ont,  d’après leurs propres dires, « fait renoncer » à chaque agent de l’Etat, l’ « insignifiante somme » de 120.000F (cent vingt mille francs) pour « préserver la paix sociale », prérogative, dont on pensait qu’elle relevait plutôt de l’Etat.

 Il est  important de préciser, que ce fameux fonds, que ces syndicalistes s’arrogent le droit, avec la complicité des autorités ministérielles, de charcuter et de redistribuer à leur guise, n’est qu’un pis aller, une sorte de substitut au régime indemnitaire des travailleurs de la Santé. Les différents gouvernements d’avant- et d’après-alternance ont, en effet, toujours avoué leur incapacité à résoudre cette problématique dans le cadre des ressources budgétaires classiques.

Les ayant-droit ont bel et bien été définis comme étant les agents du Ministère de la Santé et les travailleurs sociaux étatiques participant à la mise en œuvre de la politique de santé.

 Il allait de soi, que comme par le passé, la bataille devait continuer pour assurer l’extension de ces nouveaux acquis à l’ensemble des travailleurs de la Santé, quel que puisse être leur employeur (Hôpital Principal, autres EPS, travailleurs municipaux et pourquoi pas, agents contractuels des comités de santé…)

Le secteur de la Santé et de l’Action Sociale est traversé depuis plusieurs années par de profondes mutations :

-         séparation des départements Santé et Action Sociale,

-         éclatement de l’Action Sociale en d’innombrables sous-entités, au gré de remaniements périodiques, rapprochés et imprévisibles,

-         adoption et mise en œuvre progressive de la Réforme Hospitalière dans les hôpitaux,

-         transfert des compétences en matière de santé aux collectivités locales,

-         place de plus en plus importante des comités de santé dans le financement de la Santé, y compris des charges en personnel… 

Ces mutations ont d’innombrables conséquences, qu’il serait fastidieux de vouloir énumérer, ici et maintenant, de manière exhaustive. Retenons simplement que la diversité du statut des personnels socio-sanitaires, source de préjugés tenaces, est aussi à l’origine d’une multitude de mouvements d’humeurs sectoriels spontanés, aussi bien dans les hôpitaux que dans les districts, mouvements que les bureaux nationaux des syndicats ont de plus en plus de mal à canaliser.

En outre, on remarque l’apparition sur la tribune syndicale d’après-alternance d’un nouveau type d’activistes, anciens bénévoles, contractuels ou militants de base d’ex-syndicats participationnistes (à ne pas confondre avec les cadres aguerris de la CNTS), souvent des travailleurs, sans grande expérience syndicale.

S’y ajoutent la bienveillance des milieux syndicaux, autrefois réputés agressifs, vis à vis des nouvelles autorités de l’Alternance (contrecoups du pacte social ?) et le mode de gestion informelle des affaires de l’Etat, qui permet par exemple de tordre allègrement le cou aux dispositions d’un protocole d’accord dûment signé par des ministres de la République, au nom de la « préservation de la paix sociale ».

La complexité des mutations en cours au niveau des secteurs de la Santé et de l’Action Sociale nous commande une unité d’action la plus large possible autour de points de revendications communs, indépendamment de nos histoires et sensibilités syndicales.

Une réflexion poussée devrait également être menée pour adapter nos stratégies syndicales à ces réalités changeantes. Enfin, la nécessité d’une formation syndicale de base prenant compte du nouvel environnement socio-politique, se fait beaucoup sentir, non seulement pour les militants de base mais aussi pour les cadres syndicaux dirigeants.

C’est à ce prix que les fragiles accords d’août 2004 seront consolidés et élargis à l’ensemble de la famille de la Santé et de l’Action Sociale, pour le plus grand bien de notre peuple !