"YOONI XAAXAM DANU KOY TEGGI!"
YOONI XAAXAM
Ndoumbélane est sorti des griffes de l’Empereur comme un boxeur sonné, sauvé ou peut être momentanément épargné par le gong d’un arbitre appelé « démocratie ». L’irrémédiable sablier du calendrier dit républicain avait fini de se vider d’en haut malgré les temps-morts, les prolongations et les tentatives de blocage du processus. Trop de coups, réguliers et irréguliers, pour n’avoir pas su bien apprécier la portée d’une attaque et pour s’être laissé avoir un peu trop naïvement par un adversaire franchement immoral, avaient fait de lui plus un patient qu’un compétiteur sur les starting blocs… Le piteux état de Ndoumbélane encore sur le ring avec l’Empereur avait suscité l’émotion des patriotes et la convocation d’un « xooy » historique. A l’issue de vastes consultations un diagnostic avait été fait, des mesures conservatoires prises et un ensemble d’ordonnances envisagé. Présidée par le « Patriarche », les conclusions du « xooy » apparaissaient comme le remède miracle pour les citoyens traumatisés de Ndoumbélane. L’originalité de la démarche, la pertinence des conclusions et la participation citoyenne en firent une véritable charte, incontournable pour tous les candidats à la magistrature suprême de Ndoumbélane. Le Gladiateur en pleine tourmente dans la fournaise bleue qui le vouait à la géhenne, semblait pendant ce temps, plus préoccupé par son sort personnel auprès de l’Empereur. Dansant encore son yo-yo : « bi tankk du laan bi », et longtemps préoccupé par le désir de conserver des privilèges quel qu’en soit le prix il finira par lâcher prise et sauter de la barque en pleine tempête. Atterri en pleine conclusion de séance comme un pèlerin venu d’ailleurs, il bénit la foule, et salua l’initiative sans trop s’engager sur le contenu. Mais la charte était une ligne de démarcation au-delà de laquelle, il ne pouvait ne pas prendre parti. D’abord nuancé, il finira par adopter les conclusions lorsqu’il fut mis en pole position. Mais cette décision politique, était elle le prix à payer pour s’assurer le soutien des citoyens de Ndoumbélane ou le signe d’une conviction ? Était-elle le produit d’une réflexion scientifique ou une recommandation des cauris. La question mérite d’être posée, car au pays des « xooy » et des « xamb », les premiers pouvoirs consultatifs sont loin des universités et des académies. Qu’on l’admette ou qu’on s’y refuse, les « xooy » et les « xamb» sont devenus de véritables institutions souterraines. Et leurs décisions ne sont certainement pas étrangères à ce qui fait l’actualité à Ndoumbélane. C’est d’abord un « saltigué » qui clame haut et fort avoir été à l’origine de la débâcle historique de nos sportifs les plus adulés. Affirmer avoir contribué sous la direction du Gladiateur à la mise en déroute de nos couleurs nationales (vérité ou affirmation gratuite ?), sans être inquiété par celui qui exige aujourd’hui qu’on se prosterne devant ces mêmes couleurs est lourd de symboles. En tout cas, l’accusation vaut plus qu’un séjour à l’hôtel de la corniche où des places sont réservées aux auteurs d’offenses aux institutions. Mais pour les grands manitous aux « mains sales », il n’y a pas de quoi fouetter un chat. La certitude de mieux faire (c’est synonyme de la soif de pouvoir) n’est elle pas la mère de tous les bouleversements politiques et sociaux, avec leurs milliers de sacrifices d’hommes et de femmes, de patrimoines matériels et immatériels ? L’Empereur lui-même, qui aimait chanter sur les toits, ne pas vouloir marcher sur des cadavres, en a englouti deux mille en une seule nuit. Et en moins de deux ans de pouvoir,…. Pour le pouvoir. Et de toute façon le monde des ombres reste une affaire privée dont on visite nuitamment les sites pour les renier le jour. Les « cartes de visites » offerts par les maitres des lieux sont souvent enfouies sous la ceinture, attachée aux avant-bras, à l’entrée d’un bureau qu’on souhaite eternel. Rappelons toutefois que la canne et les bagues étaient les derniers apparats visibles de l’Empereur avant sa débâcle. C’est peut être un autre sujet. Plus d’une année après son installation à la tête de Ndoumbélane, le Gladiateur semble n’avoir offert qu’une certitude à ses concitoyens : l’incertitude. Les acteurs commis à la pêche aux auteurs de détournements de biens publics n’ont jusqu’ici débarqué aucun produit sur nos côtes. Les coups d’éclat proviendraient de la répression sélective de l’enrichissement illicite. Trop de goorgolus devenus subitement riches à la faveur de la gouvernance du duo « Empereur – Gladiateur », narguent les citoyens et profèrent des menaces à peine voilées à l’endroit du Gladiateur accusé d’avoir participé au pillage de la caverne d’Ali Baba lorsqu’il en détenait la clé magique. Certains des vaincus épinglés par la justicière de Ndoumbélane, ont bénéficié d’une scandaleuse fenêtre diplomatique appelée « transaction » équivalant pour un voleur de poulet à garder les deux cuisses et à rendre le reste pour être blanchi. Ce n’est pas tout. L’activité débordante de la grande famille ayant pris trop tôt goût aux frasques, est lourde de dangers. Avec des oncles et des cousins aux avant-postes de la république, le griot bombardé député inaugurant une villa de plus d’un demi milliard après cinquante de chômage et un an de flirt avec le pouvoir, le désir inavouable de scotcher les partenaires au rang d’éternels applaudisseurs sans ambitions, est simplement choquant. Les manchettes diplomatiques telles que la visite d’Obama, plus qu’une caution de l’impérialisme américain de notre démocratie, devrait être perçue comme une OPA sur un espace stratégique qu’une France en pleine crise peine à conserver. L’actualité à Ndoumbélane c’est certainement ce nouveau triangle des Bermudes avec le syndrome des inondations, le réaménagement de l’équipe gouvernemental et la santé politique de la coalition à la veille des scrutins locaux.
- Si la capitale est mise en épingle pour ce qu’elle représente en terme de prestige, de capital socio politique et économique, c’est bien l’ensemble du territoire national qui est fortement ébranlé par un hivernage très productif mais aussi et surtout par :
- La mise en place aléatoire et hasardeuse d’infrastructures sans référence à un plan d’aménagement rigoureux
- La concentration de populations autour de grands centres sans urbanisation
- L’absence d’un leadership politique à l’échelle des collectivités locales
2. Le récent remaniement à Ndoumbélane a été interprété par certains comme un divorce avec la république des banquiers pour une seconde noce avec celle des percepteurs. D’autres y voient une volonté politique d’affirmation du camp rapproché du Gladiateur dont la formation boxe encore en seconde division à coté des partis de sa coalition actuelle. On serait tenté de dire avec toute la réserve qui sied, qu’un coup de pouce à l’aile gauche, avec la promotion d’anciens compagnons de jeunesse radicaux humanistes pourrait déboucher vers une politique plus sociale. A moins, comme le dit Poutine : « Ne pas être de gauche à 18 ans, c’est manquer de cœur ! Si on est à gauche après quarante ans, c’est qu’on n’a plus tous ses esprits » Comprenne qui voudra !
3. A l’exception de l’ancien spermatozoïde… peut être déjà cadavre politique, la coalition autour du Gladiateur, tient toujours debout. Cette longévité relative n’est cependant ni preuve de bonne santé ni d’entente cordiale et de complicité. Elle tiendrait à deux faits essentiels assimilables à des entraves si solides qu’aucune formation ne sortirait indemne du troupeau.
- L’unité d’action sur le quotidien sans débat de fond sur un projet de société, sur le passé et sur un avenir proche ou lointain.
- La mise au chaud des patriarches des formations politiques dont l’aura suffit à tempérer les ardeurs des jeunes loups loin d’être à l’aise dans ce schéma pour eux, sans lendemain.
Vers quel type de société veut donc nous mener le Gladiateur ? Que dira-il s’il venait à demander un second mandat ? Un éventuel bilan ne saurait se résumer à la somme d’actions et d’activités fussent-elles louables, mais plutôt en pourcentage de réalisation par rapport à des objectifs connus d’avance et qui mettraient les citoyens plus à l’aise. Le Gladiateur n’est pas à l’aise dans ce genre de débat. Il n’est manifestement pas d’accord avec les recommandations du xooy national. Il ne se hasardera pas aussi à décliner théoriquement un programme parallèle. Ce n’est d’ailleurs pas une offense de le dire, mais il ne dispose pas de ressources humaines pour un tel projet. Pour ne pas se montrer hostile, c’est à une relecture gladiatorienne qu’il veut procéder. Le « Toubib-Patriarche » servira de caution dans cette délicate manœuvre. Pour nous administrer la preuve de sa bonne foi, le Gladiateur va certainement réduire la durée de son mandat à la tête de Ndoumbélane, peut être pour s’assurer un second de tous les dangers. Nous assistons sans le dire à un patchwork, une sorte politique de « njaxas bay fall » où les genres et les nombres se confondent pour l’habit du pauvre.
Est-il besoin de le répéter : l’incertitude est la seule certitude des citoyens de Ndoumbélane en proie à une promenade d’aveugle sur un champ de mines. Le Gladiateur doit décliner et vulgariser ses objectifs autrement qu’en termes de grands projets et de slogans. Ni la bonne foi du guide ni son expertise ne rassurent…. « yooni xaaxam danu koy tegi »
BANDIA, SEPTEMBRE 2013