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LE BLOG DE NIOXOR TINE

A QUOI SERT DONC LE CONSENSUS ?

Mis en œuvre depuis bientôt quatre ans, le concept de majorité présidentielle élargie, parfois aussi défini sous le vocable de gouvernement de rassemblement, d’ouverture et de changement, tend malheureusement à s’intégrer, de façon durable, dans le paysage politique national.

Réfuté, le temps d’une élection, par les plus grand parti de l’opposition, il semble de nouveau faire l’unanimité au sein des franges les plus significatives de la classe politique.

En faisant abstraction de la supposée pertinence théorique d’un tel concept dans les conditions du Sénégal du début des années 90 – considérant l’environnement international de l’époque – il est temps de s’interroger sur les bénéfices politiques de cette opération, non seulement pour les partis concernés, mais aussi et surtout pour le peuple sénégalais. 

Sans ignorer les pesanteurs du contexte économique mondial, qui donnent lieu à des contraintes, que tous les gouvernements doivent prendre en compte, il importe de se demander, si au niveau interne, il n’urge pas d’améliorer la qualité du contrôle populaire.

La participation au gouvernement de forces politiques d’opposition qui, auparavant et pendant des années, avaient symbolisé une alternative crédible au pouvoir en place, a forcément eu des répercussions négatives sur les masses populaires de ce pays.

On aurait pu croire, que ce désarroi initial pouvait être tempéré par le fait, que la stratégie novatrice choisie pouvait s’avérer beaucoup plus adaptée à la période et beaucoup plus compliquée que l’adversité politique systématique.

Personne ne peut nier, que sur le plan principiel, certaines  avancées démocratiques aient été arrachées dès la première année d’expérience consensuelle, même si leur matérialisation concrète a été très décevante (pensons notamment au Code électoral). Mais rien ne prouve que ces acquis n’auraient pu être obtenus, même sans la participation au gouvernement.

Sur un tout autre plan, celui des intérêts socio-économiques des larges masses populaires, par contre, beaucoup ont eu la désagréable impression, que le consensus était utilisé par le pouvoir pour faire avaler d’amères pilules aux organisations de travailleurs.

Même s’il est inconcevable de soupçonner certaines forces politiques, actuellement au gouvernement, de cautionner cette démarche, force est de reconnaître que leur simple présence au niveau de l’Exécutif aura contribué à désorienter ou à démobiliser les travailleurs, y compris leurs propres militants.

En définitive, la question que beaucoup de démocrates de ce pays se posent de plus en plus, est celle-ci: la pratique du consensus telle qu’elle est réalisée aujourd’hui dans notre pays n’est-elle pas devenue un obstacle au progrès social? Autrement dit: le P  « s » a-t-il réellement besoin des partis « ralliés », pour mettre en œuvre sa politique actuelle? Ou encore: ces partis « ralliés » ne serviraient-ils pas mieux la cause du pays en retournant dans l’opposition pour y constituer un contre-pouvoir à une politique très souvent imposée de l’extérieur?

De la réponse à ces questions dépend la pertinence de la poursuite de l’expérience consensuelle en cours.

 

Nioxor LY,

Thiadiaye le 13 juin 1995

Publié dans Walfajri

 

 

A QUOI SERT DONC LE CONSENSUS ?