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LE BLOG DE NIOXOR TINE

LES COULEURS

Rédigé par LE BLOG DE NIOXOR TINE Publié dans #POLITIQUE NATIONALE

Par Bassirou S. NDIAYE

Trop de conventions nous rattachent aux couleurs. Le rouge, le blanc, le noir et bien d’autres encore. Les couleurs symbolisent la guerre et la paix, les joies et les peines, le bonheur et le malheur. La saleté et la propreté, l’opulence et la pauvreté, le danger et la sécurité, s’identifient aussi aux couleurs. On fait appel aux couleurs pour distinguer l’ami de l’ennemi, un adversaire d’un partenaire ou d’un allié, le bien du mal.

Les couleurs rattachées au temps renvoie à la qualité de vie des hommes, leur passé, leur présent et leur futur. Alors que la pureté des couleurs cristallise les passions, fascine les hommes depuis toujours, l’art et la nature se sont démarqués en défenseurs de leur mixité, de leur mariage et ou de leur compagnonnage fécond.

Si l’interprétation peut varier dans, à travers l’espace et le temps, l’évocation des couleurs suffit à désigner des groupements humains, un ensemble de valeurs spécifiques et distinctifs d’histoire et de culture, avec leurs croyances, leurs philosophies.

La référence aux couleurs prend une autre dimension lorsque celles-ci symbolisent une nation, c’est-à-dire  « un groupe humain constituant une communauté politique, établie sur un territoire défini (…) personnifiée par une autorité souveraine ». (Le petit Robert)

Pour des couleurs, nous sommes capables de rire et de pleurer, d’aimer ou de haïr. En leur nom, nous légitimons même les actes les plus barbares que l’humanité a inventés : la guerre.

C’est peut être pour cette relation aux couleurs que Ndoumbélaan a oublié un moment ses préoccupations fondamentales pour se river sur le jeu de onze gamins gâtés par la vie, trottinant derrière une sphère de cuir sur un terrain gazonné à des milliers de kilomètres.

Mais le rêve a été brusquement interrompu. Passons donc aux choses sérieuses ! Sportivement remis à leur juste place, « Les lions » n’ont pas démérité. Ils ont au contraire mérité, … leur juste élimination. C’en est pourtant pas moins une déception, une grande déception même, pour les espoirs et les projets que venait de susciter la levée des couleurs.

Déception pour le petit peuple qui avait découvert à travers cette campagne le moyen de noyer un moment ses soucis quotidiens. L’excitation des foules permettait bien à Goorgorlu de colmater les brèches d’une dépense quotidienne structurellement déficitaire, par la vente, de sachets d’eau, de petits foulards, de drapelets et de teeshirts avec des numéros et des noms mythiques. Fidèle à sa tradition, Jeeg commençait même à se constituer un capital grâce aux traditionnels beignets de mil et aux sachets assassins de « gerte caaf » que des passants en liesse s’arrachaient sans se soucier du coût, du goût, du contenu et de la couleur. 

Déception pour Le Gladiateur et son équipe. Gardien de la constitution, premier défenseur des couleurs de Ndoumbélaan, il sait mieux que quiconque que le résultat de la campagne suffit à affoler le thermomètre politique. Les lions éliminés, les couleurs de Ndoumbélaan vont être mises en berne, ou même baissées au concert des nations en compétition (c’est la règle). Sa capitale risque brusquement de virer au rouge tel un feu de signalisation mal réglé, sans passer par l’orange.

En l’absence de marrons insuffisants en quantité et en qualité, il devra user de tout son talent pour dresser son arc-en-ciel avant que les partisans de l’Empereur bleu ne l’obligent à lever le drapeau blanc, symbole de reddition sans condition.

Ah couleur quand tu nous tiens !

BANDIA, JANVIER 2015