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LE BLOG DE NIOXOR TINE

LËK AK ËLËK : UNE HISTOIRE DE LËK LE LIEVRE

2013-04-06-721

LËK AK ËLËK

LA ruse est une arme privilégiée pour éluder les difficultés. L’intelligence permet en revanche de les résoudre ou tout au moins d’y faire face, dignement. La conscience des lendemains, c'est-à-dire la prise en compte du verdict de l’histoire reste un repaire pour faire un choix entre ces deux armes tout aussi efficaces. Mais il n’est pas le seul repaire. La ruse peut également être considérée comme l’arme des faibles. Dans ce cas, elle s’érige comme seule alternative face à une tare naturelle ou structurelle. Conséquemment, la ruse politique peut être considérée comme l’arme des faibles. Mais en politique il n’y a pas de force ou de faiblesse naturelle ou structurelle. Toute position est conjoncturelle entièrement dépendante de la stratégie employée pour convaincre une majorité de citoyens à épouser une cause. La ruse politique et la dictature sont les deux faces d’une seule médaille. L’une abuse, alors que l’autre soumet par la force. Elles relèvent toutes d’une paresse politique, d’une impatience à bâtir dans le temps et dans l’espace une sphère sociale de partisans. Mais le sentiment du citoyen d’avoir été abusé ou contraint réserve souvent des lendemains tragiques à leurs auteurs. ATT et Bozizé ne nous démentiront pas.

                                           Ndoumbélane est classé parmi les pays pauvres très endettée (PPTE). La nouvelle dose promise  depuis la Métropole (avec ses inévitables clauses secrètes), rendra la note déjà salée, tout simplement insupportable. Insupportable pour l’éducation et la formation, insupportable pour la santé, insupportable pour Goorgorlu condamné à payer plus cher ses denrées de première nécessité, son café Touba, et à renoncer peut être définitivement à son « cere ganaar » pour le restant de ses jours si on s’en tient à l’horizon fixé pour l’« autosuffisance proclamée ».

Il est logique que des banquiers responsables devant leurs patrons  jubilent après avoir trouvé en Ndoumbélane, un moyen pour fructifier les ressources qui leur sont confiées. Parce que pour les banquiers (avec leur groupement d’intérêt économique dénommé « Club »), la rentabilité des investissements est l’unique angle de lecture, la seule lecture envisageable avec peut être les inévitables rétro commissions qui garantiront la durée de vie politique des interlocuteurs du moment.

Mais pourquoi donc le Gladiateur qui a tenu à négocier directement avec les représentants des potentiels bailleurs jubile-t-il pour n’avoir obtenu que leurs promesses ? De quel camp est-il réellement ? Celui de Goorgorlu ou celui des potentiels bailleurs ?

Ndoumbélane n’a jamais vraiment manqué d’argent et de ressources de manière générale. Son prédécesseur, ancien mentor et actuel meilleur ennemi n’avait-il pas trouvé les caisses pleines, au point de dire : « je me demande où mettre autant d’argent » ? Douze ans plus tard, il affirmait ne laisser que des caisses vides à son éventuel successeur au point de priver les honnêtes citoyens de salaires dans les deux mois après une éventuelle défaite. Qu’a-t-il fait de tout cet argent ? Comment une telle tragédie à-elle pu se passer dans une république avec des « institutions que le monde nous envie » sic ? Le séjour du rejeton de l’Empereur à Reubeuss à côté de quelques menus fretins accusés d’avoir participé au pillage, ne suffit pas à expliquer tout.

La question à Ndoumbélane reste la question de la gouvernance citoyenne que posent entre autres les Assises Nationales.

La question à Ndoumbélane c’est cette liberté des gouvernants à faire ce qu’ils veulent avec les ressources nationales et qui aboutie à vider périodiquement des caisses remplies à la sueur de Goorgorlu.

La question à Ndoumbélane c’est la liberté des gouvernants à  aller s’endetter au nom de Goorgorlu sans lui demander son avis ni lui donner l’assurance d’une bonne gestion des ressources engrangés à son nom.

                     Aujourd’hui, le grand tapage médiatique entretenu autour des accords de financement ne contribue ni plus ni moins qu’à noyer le grand débat en gestation sur les conclusions de la CNRI au grand bonheur du Gladiateur qui ne veut pas en entendre parler, s’il ne menace pas d’en « prendre ce qu’il juge bon pour lui » et de faire ce qu’il veut du reste. Et puisque la grande décharge de Mbeubeuss est encore d’actualité, les transporteurs peuvent déjà déposer leurs soumissions.

La pluie de milliards annoncée semble avoir guillotiné le débat à peine naissant sur le fameux rapport de la CNRI. Défaite ou pause stratégique des partisans du projet ? L’avenir nous le dira.

                     En tout cas, il faut être vigilant, mais aussi être courageux. Avec une pluie de milliards fut-elle fictive, il est aujourd’hui difficile de ressusciter le débat sur les conclusions de la CNRI sans être accusé de perturbateur. La dénonciation du projet de constitution jugé trop tôt monarchique de l’Empereur par un certain parti de gauche avait valu la première défenestration à ses dirigeants et des coups de marteaux à un autre non moins célèbre opposant.

Mais la lutte contre les adversaires du maître d’alors de Ndoumbélane ne se résumait pas en défenestration et en coups de marteaux. Il  y avait aussi la bataille médiatique, l’enrôlement  et les proscriptions de pauvres Goorgorlu que la politique n’avait jamais emballés, la prime à la transhumance, et la corruption.

Rappelons-nous du fameux slogan « bayileen Goorgi mu ligey » qui a muselé l’opposition, la presse et les citoyens ordinaires de manière générale pendant que l’Empereur mutilait le royaume ! 

Rappelons-nous des « Grands Chantiers du Chef de l’état », des « Très Grands Projets pour la banlieue », et des scandales politico financiers qu’ils enfantèrent sous le cadavre d’une république avec des « institutions que le monde nous envie » sic ?

Il faut être lucide, courageux et tenace pour garder le cap et ramener le débat aux fondamentaux qui nous rivent à ce piteux stade de PPTE avant de penser à alourdir la dette. Sans le prendre pour modèle, on peut rappeler cette célèbre position de Barak Obama : « l’Afrique n’a pas besoin d’homme fort mais d’institutions fortes ».

Il faut donc parler des Assises Nationales ou de ce qui en reste à travers les conclusions de la CNRI. Il est encore temps de dire non avant qu’il ne soit trop tard. Nous n’avons pas le droit d’attendre encore douze ans pour nous résoudre à offrir nos poitrines aux baillonnettes et nos corps aux dragons meurtriers de la police.

                     Le verdict implacable de la dialectique de l’histoire nous condamne tous à plus ou moins brève échéance à retourner à la poussière même si nous condamnons une certaine arrogance à nous le rappeler.

Il est donc important de comprendre qu’un homme ne saurait engager le destin d’un peuple sur le long ou le moyen terme sans un consensus fort, une sorte de viatique à léguer comme héritage aux générations futures qui en auront la charge.

Quelle que soient les intentions du Gladiateur et de ses partisans, force est de constater qu’elles se heurtent de plus en plus à une logique sectaire qui ne milite pas du tout en faveur de la recherche d’un indispensable consensus national inclusif qui est et demeure l’esprit des Assises Nationales.

La tendance sordide de l’actuel « père de la nation » à user de termes séparatistes (ceux qui sont avec moi, mes proches, etc.), crée une ligne de démarcation, une fracture citoyenne en opposition avec l’esprit de large rassemblement de mars 2012.

 

BANDIA, MARS 2014