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LE BLOG DE NIOXOR TINE

SENEGAL: LE RETOUR D'UN "FANTÔME POLITIQUE"

27 Avril 2014 Publié dans #POLITIQUE NATIONALE

Ndiombor est de retour ! A la grande joie de la presse à sensation !

Considéré comme politiquement mort, après sa défaite aux élections présidentielles de février-mars 2012, il vient de démontrer, une fois de plus sa capacité à rebondir, dont peut témoigner sa longue carrière d'opposant au régime socialiste couronnée par deux mandats présidentiels entre 2000 et 2012. Au-delà des adversités politiques, il faut reconnaître que, face aux atermoiements du camp présidentiel, l’arrivée du Pape du Sopi dans la pénombre nocturne de la métropole dakaroise apparaît comme un repère éclatant et tangible pour le camp des vaincus des dernières élections présidentielles, se trouvant dans un processus avancé de déliquescence.

UN "CHANGEMENT" DANS LA  CONTINUITE ET LA CONFUSION

Le retour de Wade dans son pays remet au goût du jour des questions embarassantes pour son successeur.

En quoi la politique conduite actuellement diffère-t-elle de celle qui a été désavouée, aux dernières élections présidentielles? Pourquoi certains hommes politiques ayant cheminé avec l’ancien régime jusqu’au coup de fil fatal du 25 mars 2012 au soir, se retrouvent-ils aujourd’hui militants de l’APR ou alliés du nouveau pouvoir ? Et surtout, pourquoi certains de ces anciens libéraux, eux aussi présumés coupables ne sont-ils pas traduits devant la Justice, alors que l’ex-prince héritier et cinquième président putatif, - aux dires de ses amis politiques égarés et extravagants -, croupit en prison ?

Il est vrai qu’une grande confusion politique règne, depuis un peu plus de deux ans, du fait du nouveau pouvoir de connivence avec ses alliés, affidés et nouveaux complices transhumants, pour lesquels, les alliances politiques semblent constituer une fin en soi. En effet, l’approche pragmatique des spin-doctors yakaaristes, à l’origine d’une boulimie pouvoiriste, exclut tout socle programmatique à un compagnonnage entre acteurs politiques venant d’horizons différents. Ces conseillers de l’ombre misent plutôt sur le marketing politique, qui sur la base de réalisations minimes voire anecdotiques, s’échinent à vouloir éblouir le peuple sénégalais. Ils privilégient la massification quantitative, par le biais d’une transhumance honnie, sur l’atteinte d’objectifs politiques concertés.

C’est ainsi que la méga-coalition Bennoo Bokk Yakaar, adepte du consensus mou, en refusant de porter de manière conséquente l’héritage des Assises nationales et les recommandations de la CNRI, donne raison au Président Wade, qui n’a jamais caché son hostilité aux principes de la refondation institutionnelle et de la lutte contre l’impunité.

PRESIDENTIALISME RENFORCE ET DEFICIT DE CONCERTATION

Par ailleurs, la morosité économique, que les initiatives bien réelles sur le plan social et économique (CMU, bourses familiales, baisse des impôts et des loyers…) n’arrivent pas à  occulter, dessert très significativement le niveau de popularité du nouveau locataire du Palais présidentiel. Ces acquis demeurent, cependant, fragiles à cause de l’absence de préalables ou de mesures de pérennisation, mais surtout en raison de la méthodologie dirigiste utilisée, qui fait peu de place à des concertations larges et sincères devant déboucher sur des accords entre partenaires d’égale dignité. Comme par le passé, la Présidence reste le centre d’impulsion de la politique nationale que des ministres-employés sont chargés d’exécuter, sans état d’âme et en faisant abstraction de leurs convictions politiques personnelles.

En lieu et place d’un référendum sur des réformes institutionnelles consensuelles, le régime de l’APR préfère tenir des élections locales sur la base de textes sur lesquels ses principales composantes ont des divergences de fond, à savoir l’acte 3 de la décentralisation et le nouveau Code des collectivités locales. Ces joutes électorales sont aussi viciées par l’absence d’homogénéité idéologique et l’immaturité politique du parti présidentiel, à l’origine d’une indiscipline notoire et de tiraillements suicidaires au sein de l’APR. C’est ainsi que des frustrations, très préjudiciables au pouvoir en place, s’accumulent, aussi bien au plan national qu’au plan local.

UNE POLITIQUE ECONOMIQUE SOURCE DE DESESPOIR POPULAIRE

Sur le plan économique, le tapage médiatico-folklorique sur le Plan Sénégal Emergent ne réussit pas à faire naître l’espoir, le yakaar tant espéré, dans les chaumières populaires, d’autant que même les statistiques économiques de l’ANSD sont loin d’être encourageantes.

Comment alors comprendre cette autre traque, cautionnée par l’élite politique dans sa quasi-totalité, contre les acteurs de l’économie populaire urbaine (marchands ambulants entre autres), contrastant avec la complaisance dont bénéficient les intermédiaires véreux de la campagne agricole et les spéculateurs fonciers ?

N’est-il pas logique, qu’au moment où le monde rural se trouve régulièrement confronté à de désastreuses campagnes commerciales de l’arachide et à des déficits céréaliers consécutifs à une pluviométrie en dents de scie, qu’une aggravation de l’exode rural soit notée ?

Il n’est dès lors pas surprenant, que la capitale Dakar, îlot d’abondance relative dans un océan de misère, soit envahie par des concitoyens ruraux catapultés dans la précarité, par l’inefficacité des politiques agricoles nationales, de l’indépendance formelle de 1960 à nos jours. C’est pour cette raison que les opérations de désencombrement de la voie publique conduites par diverses municipalités s’apparentent très souvent, quand elles sont menées avec violence et hargne,   à des opérations anti-pauvres, contre des vendeurs, dont le principal tort demeure leur état de dénuement et auxquels, on ne donne parfois aucune solution de rechange.

CONTRE LA RESURRECTION DU WADISME !

C’est donc à cause des engagements non tenus des uns et des reniements indécents des autres sur des questions aussi essentielles que la refondation institutionnelle et le règlement des urgences sociales, qu’une grande brèche a été ouverte dans le processus de renouveau démocratique de notre Nation, que devait conduire la coalition présidentielle.

L’absence de rigueur dans la conduite de la traque des biens mal acquis et les clins d’œil choquants à des dignitaires libéraux aussi suspects que ceux que la Haute Cour de Justice s’apprête à juger constituent autant de failles, dont le pape du Sopi, en vieux renard de la politique, surfant sur la déception de larges couches populaires, veut tirer profit, pour infliger des reculs décisifs à un attelage gouvernemental aussi hétérogène que désorienté, pour obtenir la libération de son enfant et assouvir des objectifs politiciens inavoués.

Il appartient donc au Président Macky de poser des actes forts dans le sens d’une plus grande cohésion programmatique de la Coalition Bennoo Bokk Yakaar et du respect des engagements sur la refondation institutionnelle, à commencer par le bannissement des pratiques politiques perverses.

NIOXOR TINE

SENEGAL: LE RETOUR D'UN "FANTÔME POLITIQUE"

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