RESTAURER LES FONDAMENTAUX DÉMOCRATIQUES
Disons-le tout net ! La situation préoccupante qui règne dans notre pays depuis plusieurs jours est essentiellement le résultat de la politique mise en œuvre par président Macky Sall depuis son accession au pouvoir en 2012. Dans l'exécution de cette politique reposant sur le trépied composé d’un hyperprésident, d’un parlement croupion, non représentatif et d’une justice aux ordres, la répression, la corruption et le complot sont les éléments déterminants.
Si les recettes machiavéliques de gouvernance ont pu se montrer efficaces lors du premier mandat, c’est précisément parce que la perspective du deuxième mandat suffisait pour fédérer les entrepreneurs politiques de la majorité présidentielle.
Les choses seront différentes en 2024, parce que plusieurs partis de la majorité ont annoncé leur désir de présenter leur propre candidat aux prochaines élections présidentielles, étant entendu que la grave crise politique actuelle rend de plus en plus chimériques les rêves d’obtention d’un troisième mandat illégal pour l’actuel président.
Pour preuve, le remaniement de la Toussaint avec le débauchage d’opposants en vue n’aura visiblement pas servi à étoffer la base sociale de la coalition au pouvoir, ni à empêcher la déflagration sociale en cours, au moment où les manœuvres de succession sont à l’œuvre au sein du parti présidentiel.
Et si nous manquons cruellement de repères pour résoudre pacifiquement la crise sociopolitique en cours, c’est bien parce que la majorité Benno Bokk Yakaar s’est employée, ces dernières années, à briser les ressorts démocratiques de la Nation et à mettre en œuvre une gouvernance autoritaire et manœuvrière faite de complots incessants contre la Démocratie.
La dernière conspiration en date est cette histoire mal ficelée de viol, qui pourrait se révéler beaucoup plus préjudiciable pour le pouvoir en place que pour Ousmane Sonko l’un de ses potentiels challengers, incriminé dans cette sordide affaire.
De fait, l’arrestation du leader de PASTEF a servi de déclencheur à des émeutes d'une ampleur inédite dans notre pays, traduisant des frustrations multiples particulièrement marquées au sein de la jeunesse de notre pays et qui ont occupé le devant de l’actualité vers la fin de 2020 avec les dernières vagues d’émigration clandestine.
Face à cette déferlante de défiance populaire, qui envahit le pays, les partis de la majorité ne semblent pas encore prendre la mesure des enjeux. Ou alors ils font preuve de mauvaise foi manifeste en voulant réduire cette gigantesque équation sociopolitique posée à la gouvernance de leur mentor à une affaire de mœurs opposant deux citoyens sénégalais.
Il y a fort à craindre que, pour cette fois ci, les politiciens de la majorité doivent quitter leur zone de confort faite d’un soutien aveugle d’une majorité parlementaire écrasante, de l’instrumentalisation itérative de la justice, sans oublier une propagande bien huilée, mensongère et manipulatrice.
Nous voulons parler de cette fable sur une prétendue menace terroriste, sorte d’épouvantail agité pour imposer l’immobilisme social aux masses populaires, alors que le problème réside plutôt dans un autoritarisme étatique qui fragilise le tissu social et compromet la cohésion nationale et donc la sécurité nationale.
Il est devenu plus qu’urgent pour le président Macky Sall de rompre définitivement avec son style de gouvernance actuel, d’assurer la transition vers la restauration des fondamentaux démocratiques de notre Nation, qui ont toujours agi comme des soupapes de sécurité. Lesquelles nous ont permis, jusqu’à présent, de préserver la paix civile dans notre pays et d’éviter les solutions extrêmes comme les coups d’état militaires.
Nous lançons un appel à la raison aux hommes politiques de la majorité, surtout ceux se réclamant de la gauche, afin qu’ils œuvrent à l’arrêt de la logique infernale de la violence d’État et à la décrispation politique.
NIOXOR TINE
leelamine@nioxor.com
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