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LE BLOG DE NIOXOR TINE

ELECTIONS PRESIDENTIELLES DE 2007: VOLS DE NUIT

9 Mai 2009 , Rédigé par nioxor_tine Publié dans #CHRONIQUE DES COLERES CITOYENNES

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Les sénégalais ont voté et bien voté, même si au bout du compte, ils auront voté pour rien du tout ! Il y a certes, que le « dolli » nous fait courir le risque d’une overdose de « Sopi » avec naufrages, inondations, délestages, ruptures de stock de gaz et de carburant, renchérissement des prix des denrées de première nécessité. Mais la nouveauté pour ce mandat, c’est que la victime, préalablement éclairée par sept années de wadisme, semble être consentante.

UN VOTE ALIMENTAIRE ET VRAIMENT UTILE !

Le scrutin aurait été on ne peut plus transparent de l’avis même d’observateurs étranges, qui auront surtout observé durant la journée alors que les opérations de vote se sont prolongé tard dans la nuit, bien au-delà de l’heure du dîner. Et que dire d’une encre indélébile volatile spécialement conçue pour n’occasionner aucun dommage sanitaire à nos braves électeurs, surtout s’ils avaient envie de voter plusieurs fois. Les bureaux fictifs, la possession de plusieurs cartes d’électeurs, la supervision téléphonique  par un ministre zélé de la République des opérations de corruption de présidents de bureaux de vote, de mandataires de la CEDA ou même de représentants de partis de l’opposition, l’octroi de visas aux bouillants jeunes hommes de Kayar, les enveloppes contenant le bulletin du candidat de la coalition Sopi 2007 échangées à Fatick contre des espèces sonnantes et trébuchantes, la promesse d’électrification de villages dans le Ndiambour, rien que chimères développées par des socialistes revanchards, qui dans toute leur vie n’ont organisé qu’une seule élection régulière, celle ayant permis leur éviction du pouvoir. Certaines mauvaises langues affirment même qu’il y aurait plusieurs cas d’indigestion en pays sérère, suite aux dîners copieux consécutifs à la rémunération d’un vote vraiment « utile ». Il est quand même curieux que l’arrêté ministériel prolongeant les opérations de vote jusqu’à 22H n’ait pas suscité plus de commentaires, alors que la phase la plus délicate des opérations électorales consiste précisément à dépouiller les bulletins de vote. La retransmission à la radio des premiers résultats pendant que certains électeurs continuaient de voter n’a-t-elle pas influé d’une manière ou d’une autre sur les résultats, en permettant à la Coalition Sopi 2007 de remobiliser ses électeurs, quitte à les faire revoter plusieurs fois, sans compter le découragement des électeurs de l’opposition face à des tendances aussi lourdes en faveur du candidat sortant. Il serait en tout cas riche d’enseignements, de procéder à une analyse des listes d’émargements et d’empreintes digitales à la suite d’un échantillonnage judicieux. Nul doute que la meilleure heure pour dépouiller les résultats des bureaux fictifs doit se situer entre minuit et quatre heures du matin, à l’heure où les génies malfaisants rôdent dans l’obscurité. Au total et comme le reconnaissent les « dollistes » eux-mêmes, il n’est pas interdit de frauder aux élections, l’essentiel étant de ne pas se faire prendre !

 MAJORITE SOCIOLOGIQUE ET DECOMPTE DES VOIX

Si les élections ne sont pas considérées comme une fin en soi, mais simplement comme un moyen de constituer de nouvelles équipes bénéficiant d’une représentativité accrue et d’une plus grande adhésion des masses populaires, on peut dire que le scrutin de Dimanche n’aura été qu’une prolongation du mandat présidentiel grâce à l’ingéniosité et au manque de scrupules des groupes dirigeants du parti au pouvoir, qui n’en ont pas encore fini avec l’accumulation primitive de capital mal acquis. Ainsi donc, l’élection n’a pas réussi à se faire le reflet des mutations sociologiques en cours dans notre pays depuis l’accession du Pape du Sopi au pouvoir depuis un certain 19 mars 2000.

Le rejet massif de la politique économique et du mode de gouvernance libéraux visible tout au long de ces dernières années par une instabilité permanente au sein de l’appareil gouvernemental, du parti-Etat et de la société dans son ensemble n’a pu se traduire par l’émergence d’une alternative crédible au pouvoir en place et cela pour plusieurs raisons, la principale étant la mise en avant d’ambitions personnelles aux dépens de programmes de rupture. S’y ajoute le refus persistant de certains cercles de l’opposition à tirer les véritables leçons de l’Alternance survenue en 2000, en termes de défiance vis-à-vis du régime socialiste quarantenaire et léthargique ainsi que de méfiance à l’endroit des personnels politiques l’ayant servi. Il faudra trouver la formule pour que les sénégalais n’aient pas l’impression, en changeant le régime de Wade, qu’ils retournent à la case départ, au risque de se voir ravir la vedette par de nouveaux et jeunes escrocs politiciens, ce qui pose la question du choix d’hommes nouveaux et surtout celle d’adoption d’orientations nouvelles au sein de l’ancienne élite au pouvoir. Quant aux partis de l’ancien pôle de gauche, ils semblent gagnés par l’électoralisme ambiant, se forgent des destins présidentiels utopiques, au regard de leur représentativité actuelle et négligent leurs tâches d’éducation et de mobilisation des travailleurs et des masses populaires. Ils n’accordent pas toute l’attention nécessaire à l’évolution insidieuse de notre pays vers une démocratie de type censitaire (caution trop élevée, frais de campagne exorbitants) qui risque de les écarter de la compétition électorale, comme cela est déjà arrivé avec le RTA-S et le MRDS. Est-ce cela qui explique, qu’ils soient plus prompts à s’allier à des libéraux et à des socio-démocrates, à qui ils ressemblent de plus en plus par ailleurs, qu’à essayer de se regrouper et de proposer au peuple sénégalais une véritable alternative de gauche ou de peser de manière plus significative dans leurs alliances avec d’autres forces politiques.

NE PAS METTRE TOUS LES ŒUFS DANS LE MÊME PANIER !

Voilà donc le président « prodige » que nous envieraient quelques pays limitrophes reconduit dans ses fonctions. Les cœurs fragiles devront encore supporter le stress d’un règne chaotique où les remaniements se font à toute heure de la journée, où les auditions à la DIC font partie intégrante des programmes d’excursions des journalistes et hommes politiques.

Aucun risque, cette fois, que le président trahisse les espoirs du peuple ou les termes d’un programme signé avec des partis de gauche. Il dispose désormais d’un droit de vie ou de mort sur tous les citoyens, à commencer par les leaders de l’opposition auxquels il promet l’emprisonnement. Il faudra bien sûr récompenser les membres de sa grande coalition constituée d’une soixantaine de partis, y compris tous les leaders religieux qui auront lancé des « ndigëls » explicites  ou voilés, même si cela n’aura pas permis de gagner Médina Baye ou Thiès.

Loin d’avoir été un plébiscite en faveur du candidat du « Dolli », il ressort de l’analyse sommaire des résultats du scrutin que 234690 voix de moins auraient envoyé le président Wade  au deuxième tour. Cela correspond à peu près au nombre de cartes non distribuées ou au nombre d’inscrits du département de Mbacké qui a connu de sérieux problèmes d’organisation pendant la journée électorale du 25 février 2007 et où le candidat Wade a réalisé des scores très importants.

La constitution d’une liste unique basée sur le programme de la Coalition Populaire pour l’Alternative permettra à l’opposition de gagner la majorité des départements aux élections législatives prochaines.

Notre président « prodige » n’aura alors qu’à se soumettre ou à se démettre !

  Yoff, le  05 mars 2007

 

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