LE CONGRÈS DES SILENCES EMBARRASSÉS
Les congrès du PIT se suivent, sans se ressembler ! Au glorieux cinquième congrès tenu en 2010 au stade Lat-Dior de Thiès, dans une atmosphère d’effervescence citoyenne, en rapport avec les Assises nationales, allait succéder en 2016, un sixième congrès marqué par des luttes internes de positionnement pour le pouvoir.
Il faut, à la vérité reconnaitre, que le passage de témoin, lors de ce congrès, entre les honorables ainés et les jeunes cinquantenaires, nés peu avant l’indépendance formelle, suscitait beaucoup d’espoirs. Hélas, on s’est finalement rendu compte, depuis lors, comme avec le président Macky Sall, que rajeunissement ne rimait pas forcément avec innovations et progrès.
On a plutôt assisté à une disparition progressive de la capacité d’indignation, qui était la marque de fabrique de dirigeants comme Amath Dansokho. Ils ne se sont jamais laissés dominer par l’ivresse du pouvoir et ont su, quand il le fallait, donner de la voix, quitte à perdre leurs positions et avantages, d’abord face au régime socialiste dénoncé pour sa mal-gouvernance puis à celui libéral accusé de trahir les idéaux démocratiques avec sa constitution d’essence monarchique de janvier 2001. Nous devons, hélas constater, que les nouveaux acteurs politiciens, à de très rares exceptions, privilégient les calculs politiciens aux positions de principes. C’est ce qui explique ces reniements répétitifs du président Macky Sall de ses engagements comme la réduction de la durée de son septennat et ses manœuvres machiavéliques pour postuler à un troisième mandat inconstitutionnel depuis le référendum de 2001 confirmé par celui de 2016.
Cette fâcheuse habitude à trahir les engagements pris devant le peuple, qui se révèle maintenant être l’ADN de la coalition Benno Bokk Yakaar, s’est manifestée au septième congrès du P.I.T, qu’on peut qualifier de congrès de la langue de bois et des silences embarrassés voire complices, qui ont fini par devenir embarrassants pour tous les militants de la gauche véritable. De telle sorte que ce qu’il faut retenir de ce congrès, c’est moins la rhétorique brillante que le mutisme gêné.
Ainsi, les dynamiques néfastes de judiciarisation du jeu politique ayant pour objectif d’écarter des adversaires (considérés plutôt comme ennemis) politiques doublée d’une militarisation outrancière de la vie publique sont ignorées par un des partis sénégalais, qui a payé un lourd tribut dans la lutte pour les conquêtes démocratiques dans notre pays.
De fait, au moment où le congrès se déroulait, des centaines de militants d’opposition et de journalistes se trouvaient dans les geôles du régime, le plus souvent pour avoir fait valoir leur droit à la liberté d’expression ou pour des délits, non prouvés, à notre connaissance, liés à la sécurité publique.
Le drame, c’est que c’est le P.I.T nouvelle formule, avec d’autres partis se réclamant de la gauche, qui apportent une caution morale aux turpitudes apéristes, tout en accablant des partis d’opposition victimes d’ostracisme et de répression féroce.
Au total, alors que les Sénégalais attendaient, comme de coutume dans le passé, du septième congrès des perspectives claires et des réponses nettes, ils ont eu droit à une multitude de points d’interrogations qui renseignent sur le désir d’entretenir le flou, de refuser de rendre compte de sa gestion politique et aussi de faire le bilan d’un compagnonnage de plus en plus inquiétant au sein de Benno Bokk Yakaar.
Ces alliés de Macky Sall ont réussi la prouesse d’isoler le Parti des forces vives regroupées au sein de F24. Quels pincements au cœur, quand on se rappelle qu’en 2011, le Président du PIT était chargé, aux côtés d’Alioune Tine, de coordonner le M23, dans la lutte contre le troisième mandat illégal auquel aspirait Me Abdoulaye Wade !
Au plan interne, la cohésion et l’unité idéologique ont fait long feu, mettant à mal la fameuse maxime d’Amath Dansokho, symbole d’ouverture et de tolérance, qui voulait que le Parti soit un regroupement d’hommes libres en quête de plus liberté.
L’esprit de camaraderie et de fraternité militante ont cédé la place à l’agressivité, à la diabolisation et aux procès d’intention, voire à la stigmatisation et l’exclusion de tous ceux qui ont l’outrecuidance de ne pas se conformer aux stéréotypes imposés par la machine de propagande du pouvoir.
Ils sont taxés d’étrangers bi-appartenant et /ou – injure suprême au sein de la majorité présidentielle – de pastéfiens ! Cela frise le ridicule venant de thuriféraires zélés du parti APR, qui ont fini d’arrimer la gauche réformiste au char de l’autocrate en chef, dont les projets funestes risquent de mettre le pays à feu et à sang !
NIOXOR TINE
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