VERS UNE NOUVELLE ÈRE DE REFONDATION ET DE LIBERTÉS !
Depuis la brillante victoire électorale du PASTEF à l’élection présidentielle de mars dernier, on assiste à une prolifération de diverses chicaneries politico-judiciaires et/ou judiciaro-administratives, allant du harcèlement judiciaire à l’embastillement d’opposants (loin d’être blancs comme neige) sur la base de l’arsenal juridique répressif hérité du régime de Macky Sall.
Il est grand temps de rompre avec l’héritage immatériel désastreux.
Le précédent pouvoir du Benno-APR, du fait de sa démarche extrêmement agressive et clivante, - d’avec laquelle, même en tant qu’opposition, il n’arrive pas encore à rompre -, a transformé durablement notre scène politique en un champ de mines (voire de ruines), où une interaction civilisée entre acteurs reste encore une gageure.
Par ailleurs, on constate, que le nouveau régime peine parfois, dans cette délicate phase de ce qui devrait être une transition entre deux types de gouvernance, à prendre de la hauteur et à se départir d’un certain esprit de revanche et de mise au pas des opposants. S’il est vrai, que le nouveau projet de transformation systémique, qui tente de se mettre en place, ne peut encore totalement s’affranchir des stigmates de l’ancien ordre, où il a été conçu, il gagnerait à s’émanciper des contre-valeurs du fameux « système » s’il veut réussir sa mission. La virulence des attaques de l’Opposition, qui ne fait que traduire son désarroi, ne doit pas amener le nouveau régime à se servir des mêmes expédients (judiciarisation de la vie politique, criminalisation des acteurs…), dont a usé et abusé le régime apériste, mais aussi, tous les autres, qui l’ont précédé au pouvoir, depuis notre indépendance formelle.
Ainsi, malgré la tenue des Assises de la Justice, dès le mois de Juin dernier, on observe encore la survivance des vieux réflexes liberticides et des séquelles de l’idéologie carcérale, qui anime les forces de défense et de sécurité et la magistrature. C’est ce même sentiment de continuité, qui a prévalu avec la reconduction du mode de scrutin majoritaire à un tour (raw gaddu), même s’il est vrai que le temps manquait objectivement pour mettre en place un mode de scrutin plus équitable et juste.
Il s’agit maintenant de mettre à profit certaines opportunités !
Premièrement, malgré ce mode de scrutin inique, la légitimité des nouvelles autorités reste intacte, puisque la liste conduite par Ousmane Sonko a pu engranger, lors des dernières législatives, 55% des suffrages populaires. Deuxièmement, le nouveau pouvoir a obtenu une majorité qualifiée, qui devra, cependant, être utilisée de manière intelligente, en cessant de faire jouer au Parlement – par le mécanisme d’abus de majorité- la fonction de chambre d’enregistrement et d’applaudissements.
Troisièmement, la cause des droits et libertés ne saurait avoir de meilleurs avocats que le Président de la République et le Premier Ministre actuels, qui ont payé de leurs personnes pour la victoire, ayant été embastillés, lors du combat épique contre la dictature de Macky Sall. Le duo Diomaye – Sonko est donc bien placé pour mesurer l’importance cruciale que revêt cette problématique et pour mettre un point d’honneur, non seulement à gérer cette question, de manière exemplaire, mais aussi à expurger, le plus rapidement possible, de nos lois et règlements, toutes les dispositions liberticides qui y figurent. Cela permettra d’enterrer, pour de bon, les abus en matière de garde à vue, les longues détentions préventives, les multiples bavures policières, y compris les décès suspects en prison, les interdictions systématiques et injustifiées de manifestations publiques, les délits d’opinions, ainsi que la criminalisation de l’activité politique…, comme prévu dans la Charte des Libertés et de la Démocratie des Assises Nationales.
Enfin, une dernière opportunité offerte par la révolution démocratique du 24 mars dernier, découle du fait que, pour la première fois, depuis le référendum senghorien du 3 mars 1963, la légalité républicaine classique du premier magistrat de Nation est tronquée voire amoindrie par la forte légitimité de celui qui l’aura, en définitive, fait élire, ayant été arbitrairement évincé de la compétition, aux dernières présidentielles, à savoir le président du PASTEF, Mr Ousmane Sonko. Ce hiatus inattendu, provoqué par l’arbitraire de l’État-APR, peut être mis à profit, en vue de faciliter la mise en œuvre de réformes pour mettre fin à l’hyper-présidentialisme obsolète. Cela ne devrait pas, pour autant, conduire à une hypertrophie de la fonction primatoriale, tout aussi pernicieuse, ni à un partage aléatoire de pouvoirs, mais à une responsabilisation véritable de l’Exécutif gouvernemental, qui déterminera la politique de la Nation et sera comptable de son exécution devant un Parlement pleinement réhabilité dans sa dignité et dans ses pouvoirs d’évaluation et de contrôle.
C’est dire qu’il y a urgence à mettre en œuvre les réformes institutionnelles.
Ainsi, après la brillante élection du président Bassirou Diomaye Faye au premier tour de la dernière présidentielle suivie de la razzia de la liste PASTEF aux législatives, lui conférant une majorité écrasante d’élus, les citoyens sénégalais remplis d’espoir s’attendent, parallèlement au règlement des urgences de l’heure (vote de la loi des finances, mise en place de la Haute Cour de Justice, reddition des comptes…), au déclenchement du processus de refondation institutionnelle.
Ce dernier constitue un préalable incontournable à la mise en œuvre de l’agenda national de transformation systémique, ne serait-ce que du fait de la nécessité d’instaurer un climat sociopolitique apaisé, qui commencera par la prise en compte de la demande sociale pressante et des droits économiques et sociaux des citoyens sénégalais.
Après avoir subi, d’abord, pendant quatre décennies, l’arbitraire néocolonial à la sauce senghorienne, teintée de pseudo-socialisme, puis deux décennies de dérives libérales, le peuple sénégalais aspire, plus que jamais à une gouvernance vertueuse basée sur une reddition permanente des comptes, le suivi-évaluation des politiques publiques, au renforcement de la décentralisation et de nouveaux paradigmes de démocratie participative, en s’inspirant du schéma des Assises Nationales.
NIOXOR TINE
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