LE MORAL ET LA MORALE PAR BANDIA
De mon compagnonnage avec Sémou Pathé Guèye, j’ai retenu au moins ces deux enseignements qu’il me conseillait de porter en bandoulière. Il disait :
1. Sur l’histoire ; « je suis d’avis qu’il faut laisser l’histoire aux historiens. Si on ne peut pas s’empêcher d’en parler, alors il faut le faire scrupuleusement ».
2. De l’histoire ; « les faits historiques peuvent paraitre parfois si cruels, si lourds à porter. Si on ne peut les revendiquer, il faut au moins avoir le courage de les assumer ».
Héritier fidèle, je suis d’avis qu’il faut laisser aux historiens, l’histoire de la part des africains dans les tragédies comme la traite des esclaves et la colonisation avec son lot de guerres coloniales, de massacres de patriotes armés et non armés en lutte contre l’occupation coloniale ou pour la libération nationale. Mais puisqu’on ne peut s’empêcher d’en parler alors ……
L’histoire est toujours chargée de gauche à droite, à gauche et à droite. Lue et écrite de manière partisane, interprétée à travers des prismes culturels, elle n’est que le point de vue d’hommes et de femmes jamais vierges de cultures … et d’histoire.
Ce n’est pas souvent les faits, mais bien les interprétations qui soulèvent des débats et les passions. On ne peut pas poser le débat entre ceux qui ont voté « oui » au référendum de 1958 (contre l’indépendance ?) et ceux qui ont voté « non » (pour l’indépendance ?), sans soulever des débats. C’est un fait historique que des tirailleurs sénégalais ont bien pris part à l’occupation du continent aux cotés de l’armée coloniale française. Ils ont participé aux massacres de leurs frères résistants d’ici et d’ailleurs.
La présence des « tirailleurs sénégalais » au Vietnam et en Algérie après le massacre de Thiaroye ne peut pas nous laisser indifférents.
Ce ne peut être sans passion que nous interprèterons la part de Blaise Diagne et de certains chefs traditionnels d’une part, et la position de Joost Van Vollenhoven d’autre part dans le recrutement des tirailleurs sénégalais, à la privation de nourritures des populations au profit de l’armée française au moins sur ce qui est aujourd’hui le territoire national. Peut-on parler de Lat-Dior et de Malaw en occultant que ce fier guerrier avait plus de tirailleurs sénégalais en face de lui que de conscrits bretons ?
Alboury Ndiaye aurait-il lâchement fui en laissant son peuple à la merci de l’armée coloniale ou avait-il fait un repli stratégique ? Nos fameux « chefs de cantons » n’étaient-ils pas des collabos à la solde de la puissance coloniale ?
Je suis d’avis qu’il faut laisser l’histoire aux historiens. Mais puisqu’on ne peut pas le faire, alors ……
Les Chroniques de Bandia, Décembre 2024.
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