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LE BLOG DE NIOXOR TINE

ASSISES NATIONALES : CHANTS DE LIBERTE !

7 Mai 2009 , Rédigé par nioxor_tine Publié dans #CHRONIQUE DES COLERES CITOYENNES

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“Ne voudrais-tu pas m’aider à chanter ces chansons de liberté ? Parce que tout ce que j’ai, ce sont des chansons de rédemption... ” D’après Bob Marley – Redemption song

La défaite du parti socialiste aux élections présidentielles de mars 2000 a été généralement attribuée à son incapacité à résoudre deux questions majeures :

  • celle de la demande sociale pressante malgré de réels efforts d’assainissement des finances publiques, selon les normes et désidérata des bailleurs de fonds et 
  • celle de l’approfondissement de la démocratie en dépit de l’adoption d’un code électoral consensuel, qui avait permis à l’opposition de réaliser vers la fin des années 90, des avancées certaines dans sa représentation au sein des institutions étatiques (Assemblée Nationale, Collectivités locales), lui permettant d’envisager très sérieusement l’alternance au sommet de l’Etat. 

Force est de reconnaître que la victoire de l’alliance électorale de l’opposition relevait davantage d’une volonté de mettre fin à 40 ans de règne socialiste que d’adhésion explicite à des objectifs programmatiques clairement déterminés.

Le programme de la CA 2000 n’est-il pas resté jusque-là quasi-confidentiel, parce que la grande majorité de ses initiateurs semblaient s’en être détournés, sur injonction du président nouvellement élu ?

Outre les manœuvres d’intimidation ou de corruption opérées contre tous ceux qui pensaient s’opposer au bon vouloir du Prince, n’est-ce pas parce que la quasi-totalité des acteurs du champ politique et de la société civile, (y compris d’éminents acteurs des présentes Assises) semblaient comme envoûtés par les combines du Président Wade, que le vote quasi-unanime de la Constitution du Président Wade (aux antipodes des principes d’approfondissement de la démocratie) lors du référendum du 07 janvier 2001 a été possible ?

Est-il permis de penser que ce sont les quarante années de règne du Parti-Etat socialiste, auquel on militait moins par conviction idéologique que par opportunisme pragmatique, qui n’auront pas aidé à la différenciation idéologique au sein du champ politique sénégalais ?

Cet état de fait n’a-t-il pas facilité le refus des autorités d’après-alternance d’opérer les ruptures nécessaires à la survie politique de l’Alternance, ce qui a brouillé les pistes, entraînant une absence de lisibilité des différents projets politiques en compétition ?

Cela n’a-t-il pas ainsi permis la transhumance massive de responsables socialistes vers les prairies bleues ?

Les vaincus du 19 mars 2000 ne pêchent-t-ils par excès d’orgueil en ce qu’ils continuent de refuser de procéder à une autocritique sincère, en se réclamant de l’héritage UPS-PS et en faisant l’impasse sur le rejet par le peuple sénégalais des pratiques politiques du régime socialiste quarantenaire ?

Les multiples retouches à la Constitution dans la période pré-alternance (amendement Niadiar Sène, érection d’un Sénat, suppression de la limitation des mandats présidentiels, défenestration de présidents d’assemblées nationales…) n’ont-elles pas constitué de mauvais exemples pour des politiciens mal intentionnés ? Le pouvoir wadiste n’est-il pas un bon élève du régime de Diouf, même s’il a beaucoup moins de génie ?

Les partis de l’ancien pôle de gauche n’ont-ils pas négligé leurs tâches d’éducation et de mobilisation des travailleurs et des masses populaires ?

La dispersion des partis d’opposition n’a-t-elle pas favorisé le coup de force électoral de février 2007 ?

Au bout de huit années de règne du président Wade, qui était censé résoudre les questions liées à l’approfondissement de la démocratie et à la demande sociale, on se doit à la vérité de reconnaître que notre pays a reculé sur ces deux questions. S’y ajoute que des phénomènes tels que l’impunité des auteurs de crimes aussi bien crapuleux qu’économiques consacrée par la loi EZZAN, la boulimie foncière, la discrimination entre religions et confréries, la violation des droits des travailleurs doublée de la corruption de certains leaders syndicaux, la destruction systématique de moyens de subsistance des couches les plus vulnérables (paysannerie pauvre, acteurs de l’économie populaire urbaine et informelle) et la création artificielle d’une caste de nouveaux riches ont conduit notre pays au bord de la désintégration sociale.

Le mode de gestion autocratique des affaires de la Cité et la perte de confiance des acteurs politiques dans le processus électoral ne laissent entrevoir aucune perspective de sortie pacifique de la crise multisectorielle traversée par notre pays.

Peu importe par ailleurs que la faute en incombe entièrement ou partiellement au pouvoir libéral. Ce qui compte, c’est qu’on rende au peuple sénégalais le droit - dans le pire des cas- de se tromper encore une fois, comme il l’a fait en 2000 en choisissant, en toute liberté, les programmes et les dirigeants qu’il pense aptes trouver une véritable solution de sortie de crise.

C’est là tout le sens des Assises, qui en privilégiant l’approche «  bottom-up » (du bas vers le haut) font précisément des couches populaires les véritables arbitres du jeu politique face à une élite (partis politiques, société civile, ancienne et nouvelle générations…) qui porte une lourde responsabilité dans l’impasse dans laquelle se trouve actuellement notre pays et qui pense que l’heure de la rédemption a sonné !  

  Dakar, le 08 Juin 2008

 

Retrouvez cet article et 33 autres dans l’ouvrage du Dr Mohamed Lamine LY : Chronique des colères citoyennes au Sénégal, après l’alternance de 2000.

http://www.nioxor.com/article-extraits-de-l-ouvrage-chronique-des-coleres-citoyennes-117262819.html

                                                                                                                                                    

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Moussa NGOM

 

 SUDONLINE.SN , dimanche 8 juin 2008

 

 

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