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LE BLOG DE NIOXOR TINE

ASSISES NATIONALES ET DIALOGUE DE SOURDS POLITIQUE par Mohamed Lamine LY

13 Mars 2010 , Rédigé par nioxor_tine Publié dans #CHRONIQUE DES COLERES CITOYENNES

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D’une certaine manière, les Assises Nationales ont d’abord eu une fonction de « ndeup national » devant permettre à certaines franges de la classe politique de faire acte de rédemption et de régler leurs comptes avec une conscience troublée au cours de vies antérieures tumultueuses. C’est ce qui rend irrecevable le discours de certains socialistes nostalgiques, cherchant à nous décrire la période pré-alternance de 2000 en des termes élogieux. Or, c’est  précisément l’incapacité du régime de DIOUF à résoudre les questions liées à la demande sociale et à l’approfondissement de la démocratie et à juguler le phénomène de la corruption, qui a été à l’origine de sa défaite. Les  socialistes défaits ont fait preuve d’un fair-play digne de respect, qui ne devait pas, pour autant constituer un sésame pour une absence de reddition de comptes des responsables les plus en vue et empêcher de procéder à une évaluation politique des quarante premières années de notre "indépendance nationale".

 MAGNANIMITE OU AUTO_AMNISTIE ?

         Il faudra simplement retenir, que la supposée magnanimité des nouvelles autorités de l’Alternance désireuses de jeter à la poubelle de l’Histoire les crimes économiques et de sang, comme l’illustre la loi EZZAN, peut maintenant être comprise comme "alibi par anticipation" pour leur pillage inégalé des ressources foncières, minières et touristiques, sans oublier les agressions et autres bavures policières. Ainsi, ils ne vont pas hésiter, une seule seconde, à  propulser d’anciens barons socialistes, connus pour être des délinquants économiques notoires à la tête des instances de leur Parti ou de prestigieuses institutions gouvernementales, dans le seul but de se maintenir au pouvoir, en poursuivant et en amplifiant les pratiques de clientélisme politicien et de violation des normes de fonctionnement démocratique de la Nation, autant de questions sur lesquelles le régime socialiste précédent, sous la pression des forces démocratiques, avait fini par opérer certains reculs.

Le non-respect des termes de l’accord signé avec les Partis de la CA2000 et la non-prise en compte des aspirations populaires pour une réponse plus appropriée à la demande sociale et aux enjeux de l’approfondissement de la démocratie ont conduit le pouvoir wadiste dans une impasse, qui le fait de plus en plus ressembler une dictature centrafricaine.

On a voulu faire de  l’Alternance une fin en soi, et non un mode de respiration normale de toute démocratie digne de ce nom. Plusieurs projets, dont le plus en vue est celui pompeusement baptisé « Monument de la Renaissance Africaine », mais aussi le grand flop constitué par la répétition générale de la grande manifestation pour le Cinquantenaire de nos Indépendances, l’implication systématique des membres de la famille présidentielle dans la marche des affaires de la Nation, les innombrables retouches à la Constitution sont autant d’indices traduisant une régression démocratique majeure dans notre pays.

L’intrication de plus en plus prononcée entre affaires d’Etat et questions religieuses et l’entêtement à vouloir mettre en place une dynastie à la togolaise semblent plus militer pour un affrontement des forces sociopolitiques dans des termes qu’il est impossible de cerner à l’heure actuelle que pour une pacification du champ politique, malgré ce qu’en pensent certaines forces maraboutiques.

BENNO SIGGIL SENEGAL FACE A LUI-MÊME!

L’unilatéralisme dans la gestion du processus électoral et le mode solitaire de gestion du pouvoir doublé d’une absence de lecture des signaux politiques provenant des masses populaires ont conduit le pouvoir libéral dans un isolement total.

A contrario, les forces politiques d’opposition, dans une approche de dépassement remarquable, de concert avec d’importantes franges de la société civile et du patronat local ont réussi à rassembler diverses couches de la société et à mener à bien l’entreprise citoyenne exceptionnelle que constituent les Assises Nationales.

Curieusement, dans le même temps, pendant la période pré-électorale ayant précédé le scrutin du 22 mars, la constitution des listes de candidats s’est réalisée dans la douleur. Des rivalités stériles ne portant que sur des questions de positionnement et de répartition de quotas entre forces politiques, ont pris le pas sur les exigences de confection d’une liste cohérente avec des personnalités connues pour leur dévouement à la cause de leur communauté et reposant sur de solides bases programmatiques et un esprit d’équipe.

La défaite politique essuyée par le camp libéral au soir du 22 mars 2009 de même que les bonnes performances électorales réalisées par les forces sociales gravitant autour des Assises est un indice probant de la pertinence  de la nouvelle démarche adoptée par les partis du  Benno Siggil Sénégaal. L’approche inclusive, l’exigence de transparence, l’éradication du clientélisme politicien, la  consolidation  de la démocratie participative sont quelques-uns des points d’accord issus des Assises, mais que les nouvelles Collectivités Locales dirigées par Benno ont dû mal à traduire dans les faits. Or, les Sénégalais, qui ont fait preuve de suffisamment de maturité en mettant le holà sur les lubies monarchistes de Wade suivent de très près et de manière critique la pratique politique des forces politiques se réclamant de la dynamique des Assises, dont certaines n’ont pas toujours été exemptes de reproches lors des mandats qu’ils ont eu à exercer, avant ou après l’Alternance, et même dans un passé très récent. C’est pourquoi, il faut saluer les efforts du Comité National de Pilotage (CNP) du 6 MARS 2010, qui visent à œuvrer pour la relance du travail des Assises Nationales, « dont les conclusions constitueront la vision des parties prenantes au bilan du cinquantenaire de l’indépendance du Sénégal.» Seul un engagement ferme et sérieux sur la Charte de gouvernance démocratique ainsi que la volonté politique de matérialiser les conclusions des Assises, aux niveaux local, régional et national permettront aux Sénégalais d’identifier les forces désireuses de se battre pour un changement véritable dans notre pays. Et comme le dit si bien Justin MENDY : «Non, les Assises Nationales ne sont pas terminées !»

COMMENT EN FINIR AVEC LA DYNASTIE WADE?

La candidature unique reste la plus efficace pour mettre fin au règne de WADE, dans la mesure où un pouvoir politiquement minoritaire peut fausser le jeu démocratique classique par la neutralisation des forces féodales et religieuses, des leaders syndicaux, de l’administration territoriale et des forces de sécurité nationale, que ce soit par l’intimidation, la flatterie ou la corruption. Néanmoins, l’unité des forces d’opposition  autour d’un programme pertinent devra constituer le socle sur lequel devra être bâtie une alternative démocratique, populaire et civile. Ce programme devra être centré sur les conclusions des Assises en vue d’opérer les changements démocratiques venus à maturité depuis plus d’une décennie, mais bloqués par le pouvoir wadiste.

La saine concurrence entre les diverses forces politiques de notre pays, loin de constituer un sujet de préoccupation entre dans le cadre normal de la vie politique dans tous les pays. Cette compétition, pour pouvoir se dérouler dans des conditions d’équité,  nécessite cependant des préalables excluant l’accaparement de l’appareil d’Etat par le parti au pouvoir, comme c’est le cas actuellement au Gabon, au Togo et dans notre pays, pour ne citer que ceux-là. Tant que les conditions d’une bienveillante (et toujours relative) neutralité de l’appareil d’Etat,  ne sont pas réalisées, il est illusoire de penser que les joutes électorales se feront dans la régularité et la transparence.

Il reste maintenant à savoir si ce sont les questions de personnes ou celles ayant trait à l’adoption commune d’un programme alternatif cherchant à évincer le régime wadiste du pouvoir, qui sont à l’ordre du jour dans la longue marche de notre peuple vers toujours plus de liberté, de justice et de bonheur.

Yoff, le 13 mars 2010

 

 

Dr Mohamed Lamine LY

 

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